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Philippe Fabry » Livres » Yvan Jablonka : Ni père ni mère. Histoire des enfants de l'assistance publique, 1874-1939

Ni père ni mère. Histoire des enfants de l'assistance publique, 1874-1939, par Yvan Jablonka

Ce livre résulte d'un travail de recherche sur 400 dossiers de pupilles de l’Assistance publique de la Seine, de la Somme et du Loir-et-Cher. Ivan Jablonka a étudié deux agences de placement de l’Assistance Publique de la Seine, celle d’Alberville dans la Somme et celle de Romorantin dans le Loir-et-Cher, pour les générations 1882, 1902 et 1922.
Il s'agit donc de l'histoire des enfants abandonnés sur une période précise : 1874-1939.
Il importe de noter que cette période est aussi celle de la fin de la mortalité massive des enfants abandonnés. Jean-Pierre Bardet (dans "l'enfant abandonné au cœur des interrogations sociales") présente ainsi la période qui précède : "II s'agit bien d'une crise, dûment datée. Même si l'exposition des enfants s'observe dans presque toutes les sociétés et à presque toutes les époques, ce qui se passe entre 1750 et 1900, dates rondes, est d'une autre nature. J'avancerais qu'entre ces deux dates, les Français ont rejeté près de trois millions de leurs enfants dont la plupart étaient des nouveau-nés et que, à l'échelle de l'Europe, cet effectif doit être multiplié par trois ou par quatre. Le démographe peut évaluer le coût à long terme de ce paroxysme des délaissements, car les expositions s'achevaient majoritairement par une mort très précoce."
Virginie de Luca donne l'exemple de Rouen pour illustrer un phénomène massif tout au long du 18° siècle : l'augmentation extraordinaire de la mortalité des enfants abandonnés : le cas de Rouen, au début du XVIII° siècle, la proportion pour 1000 enfants abandonnés, des décédés avant 1 an est de 580 ; à la fin du siècle elle est de 946."
Ivan Jablonka, propose trois explications à l'abandon : la misère, l’illégitimité et l'infériorité civile des femmes (le code civil de 1804 interdit la recherche de paternité). L'abandon de l'enfant est d'abord un abandon de la femme et de l'enfant par par le géniteur.
Après un court historique de l'abandon, Ivan Jablonka pose une question fondamentale : « L’abandon est un traumatisme : souffrance du for, doutes sans rémission, épreuves secrètes et humiliations publiques impriment un stigmate sur l’existence des individus. Mais la parenté biologique est-elle si importante, d’un point de vue psychologique, juridique, économique et social, que son absence détermine toute une vie ? Une donnée de départ, aussi lourde de conséquence soit-elle, crée-t-elle à elle seule une fatalité du malheur, de telle sorte que la « malédiction de leur naissance » poursuivrait à jamais les pupilles de l’Assistance publique ? »
Alors que les progrès de l'Assistance publique font disparaître l’extraordinaire sur-mortalité des enfants abandonnés, que l'école obligatoire fait disparaître l'analphabétisme parmi les pupilles, ces derniers vont rester victime de "l'empire des préjugés", et de la malédiction des origines".
"Le placement familial rural, clef de voûte de l’Assistance Publique, est censé offrir à l’enfant santé, affection, identité, éducation, métier, dignité et bonheur. Mais d’une certaine manière, il représente le point aveugle de toute politique : la silhouette du clocher, la haie épaisse, l’huis qui se referme après le départ du directeur dérobent l’enfant aux regards. Le placement tant désiré par l’Assistance Publique marque paradoxalement le moment où tout lui échappe. Or la place de l’enfant dans l’espace public est ambiguë, car un certain nombre de signes distinctifs l’empêchent de se fondre dans le village, à l’école, au catéchisme, aux champs ou à l’atelier.
"Les handicaps physiques ou intellectuels qui pèsent sur les pupilles font l’objet de la deuxième partie : les chapitres IV à VI analysent les souffrances que distillent les familles d’accueil, la communauté rurale et la société, réservant à l’enfant abandonné un traitement particulier, un traitement de défaveur. »

Vous pouvez lire une grande partie de ce livre sur Google Recherche de Livres

Présentation de l'éditeur : "Les orphelins de saint Vincent de Paul, les pupilles de l'Assistance publique et les enfants de la DDASS incarnent le dénuement des petites victimes face à la dureté des hommes. Les figures du Petit Poucet et de Cosette, délaissés tout jeunes par leurs parents, peuplent notre imaginaire. Aujourd'hui, l'abandon d'enfants n'existe quasiment plus en France ; pourtant, au début du XIXe siècle, ce sont 30 000 nouveau-nés qui étaient recueillis chaque année par les hospices. Dans les villages où ils étaient placés, le quotidien des «bâtards» était bien souvent marqué par le froid, la faim, la maladie et la honte. Renouant avec l'optimisme de la Révolution française, la Troisième République a eu la volonté de mettre un terme à cette situation ; mais l'égalité des chances est restée un mirage. Cette ambition manquée engage l'historien à ressusciter un univers de filles-mères, de meneurs, de nourrices, de gratte-papier, qui tous vivaient de la circulation des enfants sans famille, cette industrie à la fois humanitaire et cruelle. En faisant entendre les voix qui vibrent dans les archives, Ni père ni mère tente de comprendre l'expérience du vivre-sans-parents, où se mêlent sentiment d'humiliation, solitude et liberté."

Voir aussi l'article de Jean-Claude Vimont

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Ni père ni mère. Histoire des enfants de l'assistance publique, 1874-1939, par Yvan Jablonka [1ère de couverture]

Ni père ni mère. Histoire des enfants de l'assistance publique, 1874-1939, par Yvan Jablonka [1ère de couverture]


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