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Dialogue interculturel, l'exemple du Québec

Un peu avant que la France ne rentre dans le lamentable débat sur l'identité nationale, le Québec avait longuement débattu de l'immigration à partir d'une notion peu connue en France : l'accommodement raisonnable. Cette notion juridique, qui au départ concernait essentiellement la prise en compte de la religion dans des aménagements "raisonnables" des horaires de travail (notamment les fêtes religieuses), est devenu l'objet d'un débat démocratique avec ceux qui trouvaient qu'il y avait trop d'accomodement. Le rapport Bouchard Taylor nous permet d'imaginer ce que pourrait être en France un débat démocratique enrichissant sur l'immigration.

Au lieu d'un débat qui ne porte que sur « eux », les immigrés, il s'agit au Québec d'un débat portant sur « eux », les étrangers, « nous » les québécois, mais aussi « les voisins » : le canada et l’Amérique du nord.
D'où un débat complexe, avec d'une part des référence québécoises portant sur l'interculturel, et canadiennes sur le multiculturalisme.
Un débat conflictuel -sans doute est-ce inévitable quand il s'agit d'enjeux identitaires aussi forts- mais qui est enrichissant pour la démocratie et instructif pour nous français.

Voici quelques exemples de textes, contradictoires, à ce sujet :
L'approche de Claude Corbo
Extrait : "“Jusqu’à quel point faut-il consentir des «?accommodements raisonnables?» à des personnes qui veulent vivre intégralement, dans des sociétés sécularisées, les préceptes de leur religion?
Comment faire en sorte que la liberté de religion reconnue par les chartes des droits ne soit pas la voie de passage vers l’établissement d’un cadre de vie publique qui rende impossibles les autres libertés proclamées par ces chartes?"

Le point de vue de Jack Jedwab
Extrait : "Si le Québec était vraiment interculturel, l'on pourrait croire que les contacts entre communautés y seraient plus nombreux qu'ailleurs au Canada. Mais il appert que les multiculturelles Toronto et Vancouver semblent plus interculturelles que Montréal. Des enquêtes de Léger Marketing menées en 2008 et 2009 démontrent que les francophones de Montréal ont moins de contacts avec des personnes issues des minorités ethniques qu'en ont les anglophones de Toronto et Vancouver. En pourcentage, les francophones de Montréal ainsi que les Québécois allophones travaillent moins dans des milieux multiethniques, comparativement à ce qu'on observe à Toronto et Vancouver."

Je conseille aussi l'approche de Pierre Olivier Suaire, que vous pouvez entendre dans la vidéo ci-dessous (vous pouvez éviter la présentation de l'orateur).Les malentendus culturels vécus par les français au Québec nous apprennent beaucoup sur le Québec mais aussi sur la France...

Date de cet article : 2009-11-23


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