philippefabry.eu, pour la formation en travail social


Philippe Fabry » Formation » Témoignages et analyses » Les voix de ma sœur

Les voix de ma sœur

Portrait-témoignage d'Irène, souffrant de schizophrénie depuis 20 ans, "Les Voix de ma sœur" prend la forme d’un journal intime à plusieurs voix : - celle d'une patiente, décrivant avec lucidité sa pathologie, - celle de sa famille combattant la culpabilité et le déni, - celles de ses soignants de l'hôpital Saine Anne à Paris. Film documentaire à vocation de destigmatisation et sensibilisation aux troubles schizophréniques, tourné en 2011, produit par Sur le Palier, entré au catalogue de Bianca Films en 2016.

Le message d'Irène :
Bonjour à tous,
Je voudrais vous dire, pour l’avoir vécu moi-même, que rien ne remplace la parole : tout le film repose sur la parole. La parole permet d’exister, elle brise les tabous, les craintes, elle dé stigmatise, elle crée des liens, c’est grâce à elle que les choses peuvent progresser.
Mais cette parole doit circuler à l’intérieur d’une alliance solide entre famille, soignants et malade ! L’alliance, c’est le cheval de bataille du film.
Je sais qu’elle n’est pas toujours à l’ordre du jour, ni dans les familles ni dans les hôpitaux et que la parole des malades est parfois dure à obtenir et aussi souvent dure à recevoir.
Je sais aussi qu’il est très important que vous puissiez vous retrouver entre vous, familles d’un côté, soignants de l’autre, pour réfléchir et vous entraider.
Mais s’il vous plait ! Ne mettez pas vos proches malades à l’écart. Ne vous découragez pas, faites en sorte qu’ils ne soient pas toujours un « problème », mais plutôt une personne, qui a besoin du soutien de ce que j’appellerais ses « partenaires » à savoir vous, la famille et les soignants. Le malade, il faut le responsabiliser, l’aider à se dire, à se mettre en parole pour ne pas être celui à qui l’on ne demande rien et que finalement sans le savoir, l’on rejette…
Moi-même, oser parler à ma famille comme je l’ai fait et aussi aux soignants, m’a donné la force de continuer à vivre avec ma maladie. Parce que j’avais tissé des liens de confiance avec mes partenaires. C’est cela qui m’a permis de rester digne et adulte car il n’y a rien de pire que l’infantilisation. J’étais aussi reconnue comme une personne à part entière : une personne que l’on écoute et non pas une malade dont souvent on se méfie…
Tous vous avez un rôle crucial à jouer mais s’il vous plait, faites confiance à vos proches malades ! Faites les parler. Et assumez-les, car ils ont besoin de vous, besoin des associations et besoin de la société ! Il faut les aider par tous les moyens. Mais pour pouvoir aider et pour qu’ils puissent demander de l’aide, il faut d’abord un minimum de confiance, un minimum d’alliance. Il faut parler et donner la parole…
Voilà ce que je voulais vous dire.
Irène

Le film "les voix de ma soeur" peut être vu dans son intégralité sur ce site

Date de cet article : 2021-04-27


Philippe Fabry » Formation » Témoignages et analyses » Les voix de ma sœur