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Intégrer la lutte contre la pauvreté dans une approche de développement social

Le rapport Dinet-Thierry débute par une analyse à la fois très alarmante et très argumentée du mauvais état global de la société française et des insuffisances des politiques sociales en général et de l'action sociale en particulier :
« Années après années les travaux d’analyse des politiques sociales et d’observation territoriale montrent que l’action sociale, au sens le plus large du terme, est à concevoir, élaborer et mettre en œuvre dans un contexte marqué par l’accroissement de la marginalité sociale, l’enkystement d’une pauvreté devenue structurelle et par une incompréhension et une insatisfaction sociales qui atteignent la cohésion de la société toute entière.
Dans ce contexte, les défis sociaux qui sont encore largement devant nous, notamment ceux du fractionnement du marché de l’emploi, de l'allongement de la durée de la vie, de l’altération des formes traditionnelles d’organisation de la solidarité collective, cristalliseront et affirmeront les tensions si la question sociale n’est pas abordée sous un nouvel angle. »
(...) le rapport du groupe de travail s'inscrit « dans un contexte ou la stigmatisation des « assistés » a laissé des traces : on n’est plus à cet égard dans le climat de consensus qui se manifestait par exemple au moment de la création du revenu minimum d’insertion.
Les représentations de l’opinion publique sur la cohésion sociale sont à la croisée des chemins. Le baromètre de la cohésion sociale 2012 ( étude du Credoc à la demande de la direction générale de la cohésion sociale) montre que le sentiment d’isolement se répand, que la perception d’une société inégalitaire est très forte ( 78% des français estiment que l’on s’occupe mal des inégalités et de la pauvreté dans leur pays, sixième plus fort taux au sein de l’Union européenne) 81% des français déplorent une cohésion sociale insuffisante, contrastant avec un fort sentiment d’intégration individuelle (88%). L’impression d’échec de l’intégration personnelle est d’abord lié à l’absence d’emploi, au ressenti de discriminations, au sentiment de ne pas avoir de droits. Les sondés expriment leur attachement à des valeurs de tolérance et mettent l’accent sur des modèles de politique sociale globale, non catégoriels, donnant la priorité à l’emploi, à l’éducation et au logement, combinés avec un fort souci de reconnaissance des responsabilités et capacités individuelles.
Ce rapport, qui est essentiellement un rapport de propositions, préconise d’intégrer la pauvreté dans une démarche globale de développement social, orientation d’ensemble qui est ensuite développée dans cinq axes reprenant les attentes de la lettre de mission. »

Le groupe de travail propose de Conjuguer solidarité de droit et solidarités d’engagement, car « la solidarité de droit portée par « l’Etat-Providence et le « département Providence » ne constitue plus un socle suffisant pour garantir la véritable solidarité dont chacun a besoin aujourd’hui, même s’il est nécessaire et a besoin d’être conforté pour que la solidarité nationale demeure un ciment parmi les plus solides de notre République « .
La solidarité d’engagement ouvre un champ nouveau pour le renouvellement des politiques de solidarité tout en renforçant leur ancrage dans les valeurs fondatrices du Pacte social, telles qu’exprimées dans le programme du Conseil national de la Résistance ou le préambule de notre constitution. Une nouvelle réponse repose sur trois principes essentiels :
  1. Une logique de projet global où l’objectif de solidarité traverse l’ensemble des politiques publiques-et pas seulement les seules politiques dites«sociales»- pour atteindre les diverses dimensions de la vie des gens. L’action sociale ne peut plus se contenter d’apporter des réponses spécifiques et sectorielles aux personnes fragilisées mais doit davantage favoriser l’épanouissement de chaque individu par la revitalisation éducative, relationnelle, civique du territoire dans lequel il vit. Le décloisonnement de l’action publique ne doit pas concerner exclusivement les politiques publiques du champ social mais aussi toutes les autres : transports, énergie, culture, éducation, environnement...
  2. Une démarche de territoire constituant à la fois l'espace de connaissance des besoins et l’espace où se croisent les compétences de l’Etat, des départements et des Régions avec celles des communes et intercommunalités, en convergence avec les citoyens et les acteurs de tous les courants de la solidarité, de l’économie sociale et solidaire, du développement local. Cela requiert la territorialisation des politiques publiques et la stabilisation des partenariats, dans le cadre de contractualisations fondées sur des projets où les partenaires ne sont pas considérés par le politique comme des courroies de transmission mais comme des acteurs majeurs du développement du territoire et du renforcement du pacte social. Les territoires sont aussi des lieux d’ où émergent des initiatives, de nouvelles formes d’organisation, des projets qui croisent différentes logiques sectorielles.
  3. Une dynamique de participation où personne, aucun organisme public ou privé, ne peut, ne doit s’affranchir de prendre part à la création, à la consolidation du lien social. La participation des personnes bénéficiaires des politiques publiques de solidarité est moins à concevoir à partir de handicaps par lesquels ils sont le plus souvent caractérisés que par les potentialités dont ils sont porteurs. Cela demande de changer de regard sur les personnes fragiles.

Pour en savoir plus, voir le site web : www.vie-publique.fr/rapport/32852-conference-nationale-pauvrete-et-inclusion-sociale-politiques-solidarite

Date de cet article : 2015-10-10


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