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souffrances ou troubles psychiques : rôle et place du travailleur social

"Dans nombre de situations, les travailleurs sociaux sont affrontés à une contradiction entre des missions fondées sur une finalité d'insertion, des contraintes administratives, la nécessité de justifier quantitativement de leur action, et des situations qui sont demandeuses d'une grande disponibilité.
Ils peuvent, de ce fait, en arriver à douter de leur efficacité ou de la qualité de leur intervention.
Ce malaise peut être accru par la façon dont les usagers sont envoyés par d'autres partenaires vers le travailleur social avec la promesse que ce dernier trouvera bien une solution là où d'autres professionnels se sont déjà épuisés."
Ce rapport de la Direction générale de la Santé et et de la Direction générale de l’Action sociale est important pour l'ensemble des travailleurs sociaux car il analyse en quoi ils sont des acteurs déterminants dans le champs de la santé mentale.
« De nombreuses actions mises en œuvre dans le cadre du travail social concourent à soutenir la santé mentale en fondant les sentiments d'appartenance, d'utilité et d'identité sociale, qui tiennent une place importante dans la prévention des problématiques de souffrance psychique. Il en est ainsi d'un ensemble d'interventions :
  • qui restaurent de l'identité (notamment par le recouvrement de droits) ainsi que du lien social ;
  • qui favorisent la mobilisation, la requalification des personnes ;
  • qui plus globalement soutiennent l'organisation de liens familiaux et sociaux.

Cela demande de dépasser l'idée ancienne selon laquelle les personnes ayant des troubles "psys" sont à orienter vers la psychiatrie qui doit s'en occuper exclusivement.
La remise en causes des "institutions totales" (Goffman), qui prennent en charge l'intégralité de la vie des personnes, aboutit à un nouveau cadre qui suppose d'associer accès aux soins et accès à l'ensemble des services de droit commun.
Extraits :
« L'exclusion, la précarité participent à la fragilisation de l’équilibre mental et sont susceptibles de révéler des troubles latents qui vont se décompenser. La précarisation sociale peut aussi être consécutive de troubles psychiques traités ou non, qui ont invalidé les habiletés sociales de la personne et ses possibilités d'adaptation. Ces troubles sont eux-mêmes aggravés par les modes de vie. La personne peut ne pas percevoir le besoin de soin dans un contexte rendant en soi difficiles la conduite et la continuité d'un projet thérapeutique. »
Les travailleurs sociaux qui ont été rencontrés ont pu identifier des formes différentes de souffrance psychique, notamment à partir des capacités des usagers à utiliser l’aide qui leur est proposée. On peut ainsi distinguer :
  • une souffrance psychique plus directement liée à des déterminants psychosociaux (chômage, maladie, ruptures...) dont le cumul et la charge affective invalident de façon aiguë les mécanismes de défense et d'adaptation de la personne, mais dans un processus réversible : avec un accompagnement adéquat, ces usagers seront en mesure de franchir progressivement les étapes d'une réinsertion ;
  • d'une autre forme de souffrance psychique plus souvent décrite chez les personnes en situation d'exclusion. Cette souffrance se présente sur fond de carences affectives, de violences, de ruptures ayant agi dès l'enfance, comme des traumatismes. Au cours du développement de la personnalité, des mécanismes d'adaptation n'ont pu être élaborés, tels que la capacité à se projeter dans l'avenir, à utiliser les liens sociaux, à nouer des relations durables, ou même à demander de l'aide et supporter une situation de dépendance. Ces mécanismes entrent fortement en résonance avec des événements de vie déstabilisants, initiant des processus de désocialisation ou contribuant à maintenir l'exclusion. Les situations prolongées d'exclusion ou de précarité semblent pouvoir induire alors d'authentiques troubles mentaux caractérisés. Dans ces situations, une offre d'insertion peut avoir des effets paradoxaux avec refus de la relation d’aide et un paroxysme de troubles psychiques et comportementaux. Il en est ainsi de projets définis sur une durée trop limitée qui, parce qu'ils ne concordent pas avec les capacités d'engagement et d'adaptation de la personne ni à la temporalité qui lui est propre, lui proposent des buts qu'elle n'est pas en état d'atteindre, la mettent en échec et sont sources de souffrance.

En complément, une très instructive vidéo de Maria Melchior,"Rôle des facteurs sociaux des troubles psychiatriques", qui débouche sur des expérimentations de prévention.

Pour en savoir plus, voir le site web : www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/travailleur_social.pdf

Date de cet article : 2013-08-26


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