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Des jeunes "incasables" ?

"L’Observatoire national de l’enfance en danger (ONED) a présenté, jeudi 9 octobre 2009, trois études sur le parcours des jeunes en difficultés multiples. Souvent qualifiés d'“incasables” pour rendre compte de la difficulté des institutions scolaires, sociales ou judiciaires à les prendre en charge, ces travaux rendent compte de leur souffrance et de la nécessité d'une aide ajustée."
Le terme "incasable" qui pourrait être perçu comme stigmatisant sert plutôt à désigner ce mouvement institutionnel qui vise à les caser n'importe où, de plus en plus dans l'urgence, avec la mise en place d'un cercle vicieux : plus on les place plus ils manifestent que cette place q'on leur donne (ou , plus souvent, qu'on leur impose), ne leur convient pas.

Dans le document intitulé "Une souffrance maltraitée, parcours et situations de vie des jeunes dits “incasables”", retraçant le parcours de 87 "incasables" dans les département du Val d’Oise et du Val-de-Marne, "les auteurs mettent en évidence la succession d’échecs rencontrés par les institutions (aide sociale à l’enfance, PJJ, école ou hôpital), rendant le suivi impossible. Les institutions bénéficient souvent d’une culture professionnelle qui “formate” les prises en charge, alors que ces jeunes ont besoin d’une réponse souple. Les auteurs proposent dans ce rapport de traiter en priorité la souffrance des “incasables”, pré-requis indispensable à toute prise en charge efficace d’un mineur rencontrant ces difficultés." Jean-Yves Barreyre (chef de projet), Patricia Fiacre, Vincent Joseph, Yara Makdessi, montrent que la majorité des jeunes considérés comme incasables par les institutions ont vécu des traumatismes, ont connu des événements dramatiques : décès (dont des homicides, des suicides), ou tentatives des suicides, du père ou de la mère, violences conjugales, maltraitances, abus sexuels, confrontation à la pathologie psychiatrique d'un parent, rejets, arrivée en france dans des conditions difficles...
Ils montrent auss que la mémoire se perd dans la succession des prises en charges et des intervenants. L'étude montre l'importance du premier placement et du sens qu'il a pris.

Pour lire le rapport, cliquer ici

Extrait : "Les parcours peuvent être décrits selon deux points de vue celui des institutions et celui du jeune qui, confrontés, mettent en exergue une différence importante.

  1. L’institution intervient sur des situations problématiques déjà installées parfois depuis longtemps, dont elle ne connait pas tous les tenants et les aboutissants, qu’elle va découvrir au fur et à mesure, parfois partiellement. Pour l’institution, le parcours commence au moment où elle hérite de la situation.
  2. Le jeune vit une situation source de souffrance depuis un laps de temps plus où moins long avant qu’elle ne soit connue de l’institution. Il arrive dans le champ de la protection de l’enfance avec une souffrance installée et active.
Ces expériences différentes des parcours amènent à poser une nouvelle hypothèse. L’incasabilité est parfois liée à une non lecture de la souffrance initiale et de son développement tout au long du parcours."

Pour en savoir plus, voir le site web : www.cairn.info/revue-informations-sociales-2009-6-page-80.htm

Date de cet article : 2009-11-11