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Le rapport Lazarus : une souffrance qu'on ne peut plus cacher.

Le rapport Lazarus a une particularité : il est le fruit d'administrateurs de délégations interministérielles cherchant à comprendre un probléme remontant des professionnels de première ligne : enseignants, travailleurs sociaux, médecins généralistes, "un problème mal identifié, mais pesant, perturbant, nouveau, celui de la souffrance, du mal être d'un nombre important des personnes dont ils étaient en charge. Ni les outils de diagnostic, ni ceux d'intervention psychiatriques classiques ne répondaient à l'attente des professionnels. S'agissait-il d'un problème de santé mentale, même si ce n'était pas de la maladie, d'un problème nouveau, spécifique, nécessitant de nouvelles formes d'intervention ?".. Le titre : une souffrance qu'on ne peut plus cacher est révélateur du résultat de cette recherche. Le point de départ est donc le mal-être des intervenants, qui peut se traduire par différents symptômes :
  • dans les quartiers, l'incapacité à mobiliser les personnes, à faire émerger une demande sans un long travail préalable
  • dans les commissions locales d'insertion, ce mal-être se traduit soit par la récurrence des échecs, vis à vis du travail mais aussi du logement, de la vie sociale et familiale
  • Dans la ZEP, les enseignants font état d'enfants affectivement profondément perturbés, pour qui l'apprentissage ne prend pas de sens : l'école est à la fois étrangèreet indistincte par rapport aux relations qu'ils ont dans leur famille et dans leur vie quotidienne.
  • dans les missions locales, les accueillants parlent de surinvestissement ou de désengagement à l'égard de jeunes en grandes difficultés."
Ce rapport montre très bien les bonnes et les mauvaises raisons qui font que le secteur psychiatrique, interpellé, ne peut répondre à la plupart de ces demandes.
Je conseille de lire, sur ce site, les textes sur l'approche de Jean Furtos à ce sujet.

Introduction : "Dans un quartier très défavorisé du Nord, les enseignants de cours préparatoire se plaignent en réunion pédagogique des difficultés d'apprentissage des enfants. Ils estiment que, dans leur grande majorité, les enfants relèvent d'une prise en charge thérapeutique. Devant l'impossibilité matérielle de répondre à une telle demande, le Centre d'Aide Médico Sociale Précoce (CAMSP) accepte de tenter une expérience : pendant un trimestre, un psychomotricien participe pendant quelques heures par semaine à la classe et fait le point avec les enfants qui présentent des difficultés évidentes. Au bout de ce trimestre, le psychomotricien rend compte de son expérience et de sa perplexité : trois enfants ont besoin d'un suivi en psychomotricité ; quant aux autres, il estime qu'ils n'ont pas de troubles, mais qu'ils manquent tout simplement de la pratique d'un langage qui leur soit adapté. "Invitez les parents à leur adresser la parole, recommande-t-il, ni l'enseignant, ni le thérapeute ne peuvent combler ce manque initial". Les enseignants arrivent à faire passer le message aux parents et les progrès des enfants sont rapides. Pour les parents les plus en difficultés, le Centre social constitue un "atelier parents", avec l'aide du médecin de PMI, pour qu'ils puissent échanger entre eux sur leurs difficultés éducatives. Aucun acte thérapeutique ne fut nécessaire, mais le groupe de parole fonctionna pendant deux ans et certaines mères durent être initiées à des jeux élémentaires, comme les dominos, qui purent servir de support à leurs transactions avec les enfants. Ces mères avaient été souvent victimes elles - mêmes, de mauvais traitements dans leur enfance et avaient fait des passages plus ou moins longs à l'aide sociale à l'enfance."

Pour en savoir plus, voir le site web : www.cnle.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_LAZARUS_et_STROHL_1995_Une_souffrance_qu_on_ne_peut_plus_cacher.pdf

Date de cet article : 2010-10-16


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