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Bernard Golse.Pédo-psychiatrie : tout se joue avant 120 ans

B. Golse présente tout d'abord le dévelopement de la psychiatrie néo natale et les découvertes des capacités du foetus dont on découvre l'activité, en rupture avec les représentations antérieures du nourrisson passif.
L'enfant a une vie intra-utérine active : il goute, touche, entend puis voit. Il y a cependant une différence entre ses perceptions "thétiques" et le développement ultérieur d'une consciece reflexive.
Les précurseurs de la sécurité de l'enfant.
B Golse pointe l'importance de l'histoire relationnelle de l'enfant,sa place dans l'histoire transgénérationnelle de ses deux lignées. Un travail de prévention se développe à ce sujet concernant les bébés : ils ont déjà une histoire, des mandats familiaux qui peuvent être contradictoires.
Pour dire l'importance de cette dimension, B Golse cite un de ses collègues : "un jour on pourra tout greffer : coeur, rein, poumons, etc... ce qu'on ne pourra jamais greffer, c'est l'histoire."
La psychiatrie péri-natale considère le bébé comme élément d'un système familial où tout ce qui arrive à l'un affecte les autres. Un bébé déprimé peut déprimer sa mère et inversement. Mais rien n'est linéaire ; il n'y a pas de donc : une mère déprimée peut déprimer son bébé si les tiers présents ne jouent pas leur rôle. Ne jamais lacher le système pluri-factoriel, sinon on est dans le linéaire et on cherche des coupables.

10 à 15% des mères vivent un blues périnatal : c'est énorme, un problème de santé publique essentiel qui impose la présence de tiers. Les enfants confrontés à ces problèmes se retrouvent masivement dans les consultations de pédo-psychiatrie 10 à 15 ans plus tard.
La dépression du bébé - même si le terme est le même - renvoie, comme pour l'adulte à la tristesse, mais les mécanismes sont différents. On sait repèrer beaucoup plus tôt le retrait, l'hypotonie psychique du bébé, des troubels épidmiologiques.
Mais en dehors de la clinique on ne sait pas combien d'enfants sont concernés et si cela touche plus les garçons que les filles.
Quand on parle des bébés à risque, c'est important pour les enfants autistes ou psychotiques de repèrer très tôt les risques d'enfermement dans des impasses. Mais les bébés nous apprennent que tout est ouvert et qu'il ne faut pas les enfermer dans des prédictions. Dans la 1° année, l'essentiel est de repèrer les bébés qui ont besoin de nous ; critère très pratique, plus important que de savoir s'il y a risque de psychose, d 'autisme, de dysharmonie ou de déficit. Si on pense trop à un risque donné, paradoxalement on risque de les enfermer là dedans.
L'aide peut être très importante en étant légère; La prévention est essentielle, la prédiction est une catastophe, elle est maléfique ; si on dit aux gens ce qu'ils risquent de devenir, on les aide à devenir ce qu'on craint.
Prévenir, repèrer le sujets vulnérables, ceux qui ont besoin d'aide.
on sait beaucoup mieux ce qui peut aider les bébés, mais il y a des obstacles, souvent économiques, et aussi liés au psychisme du bébé qui nous demande de faire des liens autour de lui, mais qui s'attaque à ces liens.
Il y a ausi l'ambivalence. Nous avons tous été des bébés, cela a laissé en nous des traces qui peuvent nous mettre en difficulté.
Nos connaisances sont difficiles à mettre en pratique. Il faut préserver les lieux où l'on sait aider les enfants à se préserver.

L'autisme.
L'autisme nous apprend énormément de choses. L'autisme ne tombe pas du ciel ; il y a bien sûr de la génétique mais ce n'est pas un destin, cela explique la vulnérabilité. il y a une grande plasticité et beaucoup va dépendre des rencontres. Il faut bien distinguer les facteurs primaires de vulnérabilité et les facteurs secondaires qui vont venir fixer les choses. Ces deux types de risque : de vulnérabilité et de fixation, sont tous pluri-factoriels : il y a du génétique, du social, du relationnel, du culturel, de l'écologique ; ne pas conclure en matière d'étiologie.
Deux étages : de facteurs de risque et de facteur de fixation. On ne trouvera pas le gène de l'autisme, mais une génétique des traits complexes, des modèles d'épigénèse épistatique. Il y a 12 à 15 gènes concernés, il faut que 10 à 12 allèles soient dans une configuration particulière. Il y a un ouverture possible et un optimisme thérapeutique mais en psychiatrie ce qu'on travaille ce sont les facteurs secondaires, les effets de rencontres, ce qui va donner ou non à la vulnérabilté la possibilité de s'exprimer.
Il y a un grand intétêt pour les bébés et les adolescents, la période de latence devrait être un intérêt central. L'intelligence des enfants est vraiment hétérogène, il y a des dysharmonies cognitives, il y a beaucoup à apprendre.
La question de l'hyper-activité montre combien la psychiatrie est à la fois une science et le reflet de la société. Plus une société est agitée, moins elle supporte l'agitation de ses enfants. Il y dans la définition de grandes inconnues. ll y a entre 1 et 2% des enfants pour lesquelles le processus de l'attention est vraiment pathologique, après il y a un gradiant et ce serait désastreux de penser qu'entre 5 et 8% des enfants aient besoin de traitement. Il n'y a pas que les amphétamines, les psychotropes.

L'adolescence
Il y a un changement concernant la conception de la crise de l'adolescence; La crise n'est pas la catastrophe ou alors au sens de René Thom : comme changement d'état, pas seulement dans le négatif mais comme inscription et dépassement.
Idée de mutation, l'adolescence est plus longue, avec un nouveau stade : la post adolescence. Il y a des bébés qui passent directement à petit vieillard.
Il y a un décalage de nombreuses années, 10 et plus, entre la puberté physique et la puberté sociale.
L'adolescence devient une épreuve à traverser, une période de deuils : il y a des positions à laisser, avec des mouvements dépressifs tout à fait physiologiques, l'adolescent doit renoncer à la stabilité de la latence, renoncer à l'image idéalisée de lui même, de ses parents.
Il y a 20% d'adolescent en difficulté. ça ne veut pas dire malades. Ce qu'on demande aux ados c'est de s'identifier à des adultes en mutation permanente. le bon adulte c'est l'adulte qui change. Demander à l'ado de s'identifier à un adulte qui doit tout le temps changer et qui a envie de ressembler aux adolescents. Si devenir adulte c'est regreter son adolescence... les parents d'adolescents sont au milieu de leur vie et peuvent être envieux des adolescents qui ont tout le temps. Cf PhilippeJammet et toute une reflexion par rapport à la ditance et à l'attachement. Philippe Jeammet parle de "syndrome Corse" : si on s'interesse à eux on les envahit, si on s'éloigne on les laisse tomber.
Attaquer l'adulte pour éprouver sa solidité. Si on se volatilise l'ado aura peur de sa toute puissance. ne reste qu'une chose à maitriser : l'échec.
Heidegger : attention à ce que le vrai ne disparaisse pas sous une somme d'exactitude.
Il y a un consensus sur le modèle pluri-factoriel. On est toujours menacé de clivage : celui entre entre somatique et psychique est en passe d'être dépassé mais il y a celui entre la clinique de l'instant et la clinique historicisée. Pas de sens sans temporalité, un structuralisme des processus.
Une différence de fond entre l'éthique du savoir et l'éthique du sujet. Réfléchir à un principe de précaution quand au fait de donner des psychotropes à des enfants de 2 à 3 ans. Beaucoup d'études de médicaments ne marchent pas.

La demande a beaucoup évolué. On a créé le secteurs dans les années 70 et à l'époque on était centré sur le sujet et sur la question de la souffrance. Le socius a changé et la demande est de réduire les symptomes : hyperactivité, TOC, violence, abus sexuels, délinquance.
La pédo-psychiatrie ne se résume pas à cela; ç'est une reflexion sur l'ontogénése, sur la construction du sujet. La pédo-psychiatrie est assez maltraitée ; la pénurie s'installe. faute de crédits, de personnels, de vocations, plus une réduction programmée du nombre des pédo-psychiatres. L'éthique d'un pays se mesure à l'importance de l'attention acordée aux plus faibles.
Et le cerveau n'est pas un ordinateur. Il y a le risque d'un consensus entre le grand public et les médias pour évacuer la complexité.

Date de cet article : 2010-08-03


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